Comment détruire votre identité virtuelle

Que deviennent vos comptes en ligne quand vous arrêtez de vous en servir, ou si vous disparaissez ?

ThuGeek (c)

Dans les articles précédents, on a vu la difficulté d’établir une identité virtuelle et l’importance de la maîtriser – mais parfois, le problème est en fait de faire disparaître son identité numérique !

Commencer une nouvelle vie

Le sujet a déjà été abordé dans un article précèdent : il est essentiel de maîtriser son image sur le web.
Et parfois, quand on change d’activité ou quand on commence une nouvelle vie, il peut être préférable d’effacer les traces de votre ancienne identité numérique !
Premier réflexe : supprimez votre ancien profil sur les sites web que vous n’utilisez plus. C’est préférable que de simplement changer de pseudo ; assurez-vous notamment d’utiliser une nouvelle adresse email.

SuicideMachine.org (c)

Mais les obstacles sont nombreux : parfois, le compte est ancien, vous avez oublié votre mot de passe, et le site vous propose de vous l’envoyer sur une adresse électronique que vous n’utilisez plus ou qui n’existe plus (par exemple dans une ancienne entreprise ou université).
Parfois, vous avez simplement oublie les forums ou sites web sur lesquels vous aviez un compte.
Et enfin, Google et son système de « cache » ne vous aident pas, et conserve en mémoire des informations que vous souhaitez faire disparaître. Du coup, le « fantôme » des informations que vous avez supprimées est encore visible quand on fait une recherche sur google…

Préparer la fin de sa vie virtuelle dès le premier jour

Il semble donc essentiel d’être conscient de cela dès le moment où l’on commence a utiliser le web, et à séparer les profils suivant les audiences : comme expliqué précédemment dans cet autre article, il vaut mieux rediriger une demande de contact faite par un collègue sur Facebook vers Viadeo.
Et si vous utilisez un pseudo sur un forum pour ne pas être reconnu, veillez a ne jamais associer ce pseudo a votre email ou a votre véritable identité, sur ce site ou sur un autre ! Essayez de vous chercher sur 123people.com : c’est incroyable toutes les infos / photos personnelles que ce site est capable de trouver sur vous, uniquement a partir des pages accessibles librement sur Internet !

Des funérailles virtuelles

A un moment donné, les sites web seront confrontés à un nombre croissant d’utilisateurs décédés.
C’est un sujet qui n’a pas encore émergé car le web a moins de 30 ans, et donc la grande majorité des utilisateurs d’Internet sont encore vivants.
Mais les sites web sont confrontés a des questions qui n’ont pas de réponse aujourd’hui :

• Comment identifier les utilisateurs décèdes, ou être averti de leur décès ?
• Faut-il alors clôturer leur compte en ligne ?
• Par la suite, peut-on re-attribuer les identifiants a un nouvel utilisateur, et dans quel délai ?
• Peut-on permettre a ses amis Facebook de continuer a commenter sur son mur ?
• Ou faut-il au contraire mettre un bandeau d’avertissement sur sa page d’accueil ?
• Doit-on laisser une personne de confiance accéder a sa boite aux lettres électronique pour clôturer ses différentes affaires ?
• Comment identifier ce « liquidateur » ?
• Et comment ce liquidateur identifiera-t-il tous les sites web sur lesquelles la personne décédée possédait des comptes en ligne ?

Flickr (c)

Il n’y a pas de fossoyeur du web, et on ne voit pas trop comment ça serait possible : les certificats de décès ne sont pas centralisés entre les différents pays, donc comment pourraient-ils l’être sur le web ?
Et même si ça fonctionnait, il faudrait confier a ce « fossoyeur » l’intégralité de ses mots de passe pour que nos comptes soient clos a notre mort. Mais imaginez le cauchemar de sécurité, puisque ce fossoyeur sera la cible de tous les pirates du web !

Il semble difficile de trouver une solution absolue a ce problème ; mais s’il n’est pas pris en main, on peut craindre un grand nombre de comptes zombies, qui survivront longtemps après la disparition de leurs propriétaires.

Anticipez votre disparition

Ce n’est pas un sujet plaisant, et ça vous paraîtra peut-être morbide, mais il est de votre responsabilité d’anticiper votre départ et de prendre les mesures adéquates a cet effet.
Si vous bloguez avec Wordpress, vous pouvez utiliser le plugin « Next of Kin » qui enverra automatiquement un email a une personne de votre choix pour lui permettre de prendre le relais, si vous arrêtez de vous connecter a votre blog au delà d’un certain délai.
Plus généralement, il serait utile de conserver une liste des sites sur lesquels vous possédez un compte utilisateur, et d’informer une personne de confiance de l’existence de cette liste.

Ce n’est pas forcement évident d’entreprendre cette démarche, ni de tenir a jour la liste des sites et mots de passe !
Mais en ce qui me concerne, si je ne le fais pas, j’ai du mal a voir comment ma famille pourra prendre en main et clôturer mes identités numériques – et entre temps, j’imagine leur douleur a voir ces avatars survivre a mon identité réelle…
J’ai donc choisi de stocker tous mes mots de passe dans un coffre virtuel (le logiciel gratuit KeePass le fait très bien) – ce coffre n’est pas en ligne pour éviter qu’il soit pirate, et j’en ai 2 copies : l’original (que j’utilise d’ailleurs pour sauvegarder mes nombreux identifiants, car parfois la mémoire me fait défaut !) et sa sauvegarde que j’ai confié a un proche.

Pour ouvrir ce coffre qui contient tous mes mots de passe, j’utilise un mot de passe unique long et complique (en gros une suite de 100 caractères qui mélange chiffres, lettres et caractères spéciaux).
Ce n’est pas inviolable, car d’après ce que j’ai compris le cryptage de 128 bit peut être cracké – mais ça suffit bien pour moi, car le risque que je sois la cible de pirates est relativement faibles 😉
Et au moins je permets a mes proches de liquider mes identités numériques si je venais a disparaître…