le Master MIAGE : un diplôme unique ?

Découvrons ensemble ce qui fait la particularité de ce diplôme, qui existe depuis bientôt 40 ans en France et qui a formé plusieurs dizaines de milliers de diplômés, qu’on retrouve sur toutes les marches de hiérarchie informatique !

Une rapide histoire de la MIAGE

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1969 : la loi Faure crée les premiers diplômes professionnels à l’Université* : MST, MSG et MIAG (Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion)

1984 : avec la réforme de l’enseignement supérieur, le diplôme MIAG devient une Maîtrise MIAG, et gagne en lisibilité en s’alignant avec les autres diplômes universitaires

1992 : lors de la mise en place des IUP, la MIAG devient un diplôme en 2 ou 3 ans, avec une sortie à bac+4

2002 : le système LMD oblige les IUP à s’adapter au nouveau schéma 3-5-8 ; les MIAGe deviennent progressivement des Master avec une sortie à bac+5

2008 : le -E- (ajouté depuis de nombreuses années à la fin de MIAG dans la plupart des villes) est officialisé par la CDM, et la MIAGE est désormais le Master de Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion des Entreprises

logo-miage

La double compétence

La plus grande force du diplôme MIAGE, c’est sa bi-disciplinarité.

D’un côté, il y a des diplômes d’informatique qui fabriquent des techniciens et ingénieurs d’informatique, très bons dans leur domaine, mais pas forcément conscients du fonctionnement global d’une entreprise.

De l’autre, les diplôme de gestion forment des professionnels du management, qui savent comment faire prospérer leur société, mais qui ne maîtrisent pas les outils technologiques qui sont aujourd’hui indispensable pour le fonctionnement de toute entreprise.

Le Miagiste est à la croisée des chemins, car il possède à la fois :

  • la compréhension des enjeux économiques
  • et la maîtrise technologique

traitement-multitache

Du fait de son profil informaticien, et parce qu’il est conscient des besoins de l’entreprise, le diplômé MIAGE peut imaginer et concevoir des solutions pour que le Système d’Information soit un soutien à l’activité principale de l’entreprise.

C’est évidemment le cas pour tous les professionnels des Technologies de l’Information ; mais le miagiste est sensibilisé très tôt à cette problématique, puisque l’aspect « gestion des entreprises » fait partie du cursus à part entière.

L’implication des entreprises

Dès sa création, la MIAG a pour objectif de former des professionnels (ce qui n’était pas évident à l’époque au sein de l’université !), et les industriels sont intégrés depuis le départ à la conception des programmes du diplôme et à l’enseignement proprement dit.

Les enseignements durant les 3 années de cursus se répartissent comme suit :

  • 55% pour la technologie et l’ingénierie des sciences de l’information
  • 25% pour la gestion et la communication
  • 20% pour la professionnalisation (projets, stages, etc.)

Soit 45% des enseignements qui préparent l’étudiant à son entrée dans le monde du travail :

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De plus, ces enseignements sont généralement encadrés par des professionnels : ce sont les tuteurs en entreprise, mais aussi les professionnels qui viennent enseigner certaines de ces matières à l’université (gestion de la production, communication, gestion de projet, comptabilité, contrôle de gestion, etc.).

Des accords spécifiques lient les différentes MIAGE aux branches professionnelles pour que les cours soient assurés par des personnes dont c’est le métier.

A l’issue de son diplôme, un miagiste aura passé au minimum 9 mois en entreprise au cours de ses stages. Les missions qui lui sont confiées l’orientent pour sa carrière à venir.

L’adaptabilité

Les anciens miagistes exercent de nombreux métiers différents : suivant l’ancienneté et les orientations professionnelles, on trouve des directeurs informatiques aussi bien que des développeurs, des architectes de SI et des consultants fonctionnels.

J’ai parfois entendu qu' »en sortant de la MIAGE, on ne savait rien faire mais qu’on pouvait tout faire« .

C’est évidemment exagéré, mais il faut reconnaître à ce diplôme la capacité de former des futurs professionnels capables d’évoluer et de s’adapter aux besoins des entreprises.

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A mon sens, cela est du à plusieurs choses :

  • pas de spécialisation technologique : les enseignements s’attachent davantage à la compréhension de la logique informatique qu’à la mise en oeuvre de la technologie. L’étudiant aura peut-être appris le java durant ses études, mais il sera capable d’écrire du PHP car il aura avant tout appris à programmer. Cette approche conceptuelle peut parfois être vue comme une faiblesse : en ne se concentrant pas sur une technologie particulière, les diplômés n’en sont pas des experts. Mais ce n’est pas le but de ce diplôme.
  • le milieu universitaire : il se reflète dans le point précédent. Les enseignants de l’université sont aussi des chercheurs, et le diplôme MIAGE profite de la masse et de l’excellence de la recherche universitaire. Cette inertie comporte évidemment ses faiblesses (rappelez-vous le mammouth que certains voulaient dégraisser) mais c’est avant tout une force qui manque à la plupart des écoles d’ingénieur. L’autre « avantage » de l’université, c’est que c’est un peu le système D ! Il n’y a pas autant d’accompagnement que dans les écoles d’ingénieurs qui choient leurs étudiants, et les miagistes sont peut-être un peu plus réalistes et débrouillards que les diplômés d’autres écoles.
  • l’évolution des programmes : chaque MIAGE possède une commission pédagogique qui réunit enseignants et professionnels, au sein de laquelle sont revus les programmes des enseignements. On pourrait craindre que cela conduit à former des profils spécifiques aux besoins ponctuels du monde industriels ; au contraire, cela permet de mettre à jour les enseignements pour prendre en compte les problématiques nouvelles du monde économique, et les évolutions méthodologiques et technologiques au sein des entreprises. Les diplômés MIAGE sont donc prêts pour le monde de l’entreprise dès qu’ils sortent de leur formation.

Le réseau

En raison de son histoire, les directeurs de MIAGE se sont toujours réunis pour faire progresser la MIAGE : par le passé au sein de la Commission Pédagogique Nationale (qui évaluait les demandes d’habilitation avant de les envoyer au ministère), ils sont désormais réunis au sein de la CDM : la Conférences des Directeurs de MIAGE.

C’est cette entité qui délivre le « label MIAGE » aux 19 formations MIAGE actuellement existantes, et aussi qui encadre l’initiative e-miage (formation continue pour obtenir le master MIAGE à distance, grâce à des cours en ligne) ainsi que les partenariats avec les universités étrangères pour créer des MIAGE dans d’autres pays, avec le soutien des universités françaises (à Marrakech, Sofia, Lima, Casablanca, etc.)

Les Journées Nationales MIAGE (JNM, en 2009 à Mulhouse) sont le point fort de chaque année universitaire ; je ne connais pas d’autre formation qui organise de tels congrès réunissant à la fois les enseignants, les étudiants et les anciens au cours de plusieurs jours de conférences et d’animations. Ce grand rassemblement des miagistes est un des piliers de l’esprit MIAGE qui prévaut à travers tout le réseau.

Enfin, l’association MIAGE Connection assure la solidarité et l’action collective des étudiants, en fédérant les associations des différentes MIAGE de France. En réunissant les étudiants plusieurs fois par an (MIAGE Intensive Camp, congrès d’hiver, Assemblées générales, …) MIAGE Connection permet la continuité de l’esprit MIAGE malgré le renouvellement permanent des étudiants.

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Le futur

Aujourd’hui, on trouve régulièrement des offres d’emploi s’adressant spécifiquement aux diplômés MIAGE ; nombreux sont les étudiants qui trouvent un poste avant même d’obtenir leur diplôme !

Les journaux et magazines citent régulièrement cette formation parmi celles qui sont toujours appréciées par les employeurs, et le diplôme MIAGE est de plus en plus copié par des organismes de formation privée en France et à l’étranger : c’est sans doute la meilleure preuve de sa popularité auprès des recruteurs !

Mais on remarque aussi que les qualités qui rendaient ce diplôme si particulier, sont progressivement reprises dans les réformes successives de l’université, pour être appliquées à tous les diplômes professionnalisants. On peut se féliciter de ce que la réussite des MIAGE profitent à tous les étudiants universitaires, mais cela signifie également que le diplôme MIAGE court le risque de se « fondre dans la masse », pour ne devenir qu’un master parmi d’autres.

Une autre évolution voit le jour : à Lyon, la MIAGE a intégré l’école d’ingénieur Polytech, et à l’issue de leur cursus les étudiants miagistes recevront donc à la fois le titre d’ingénieur et le diplôme de Master.

Les témoignages de soutien au diplôme MIAGE montrent le potentiel et la crédibilité de ce Master ; l’histoire nous dira si la MIAGE profitera des avantages des écoles d’ingénieur (notamment en terme de financement et de recrutement) sans perdre sa spécificité, qui n’existe dans aucune autre formation.

Souhaitons en tout cas longue vie au diplôme MIAGE, pour que les futurs jeunes diplômés aient autant de succès que ceux qui les ont précédés !

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* je cite de mémoire 🙂 toute erreur dans cet article serait de mon fait, désolé par avance s’il y en avait !

Roland

Actuellement IT Services Manager (France) au sein de la société Wolseley. Diplômé du Master MIAGE en 2006 à Lyon. Année d'échange à l'Université de Toronto en 2004-2005. Organisateur des Journées Nationales MIAGE en 2004 à Lyon. Président de l'Association des Miagistes Lyonnais en 2003. Vice-Président Etudiant de l'Université Lyon 1 entre 2000 et 2002.

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8 réponses

  1. wassim dit :

    Salut Roland
    Super article !
    A+

  2. Nicolas dit :

    Félicitation pour l’ensemble du site que je trouve très agréable !
    Les articles sont pertinents, clairs et agréables à lire, c’est avec grand plaisir que je viendrais faire régulièrement un petit tour sur le site.

    Txo txo de Nice =)

  3. Roland dit :

    merci pour vos encouragements 😛

  4. Que de jolies illustrations pour cet article Roland 🙂
    Et je ne parle pas des mots clés !! 😀
    Tu me gâtes ^^

    (article qui est également un excellent résumé de ce qu’est un miagiste/la miage !)

    PS : Nicolas, Wassim > N’hésitez pas à en parler autour de vous, sur le blog de votre miage… Merci !! 🙂

  5. Thomas dit :

    Super article 🙂

    T’as des news au fait sur Lyon? Sinon c’est « marrant » sur les 3 MIAGE de 70 (Lille, Clermont-Ferrand, et Montpellier), les deux dernières étaient déjà devenues des écoles d’ingé suite au passage au format IUP en 91… et le réseau avait perduré et même grandi.
    Il serait intéressant de voir si suite au passage au LMD (et une harmonisation entre les miage) de nouvelles villes rejoindront le réseau 🙂

  6. Thomas dit :

    un article datant de l’été dernier, plutot élogieux sur la formation 🙂
    http://www.jobetic.net/Informatique-savoir-choisir-son-diplome_a1184.html

  7. Roland dit :

    Extrait d’un article paru le mois dernier sur 01 informatique concernant les filières universitaires qui réussissent, et la MIAGE en particulier :
    « sur les 1 000 étudiants de Master 2 issus chaque année du réseau des vingt Miage existant en France, tous trouvent un emploi dans les trois mois qui suivent l’obtention de leur diplôme. »

    http://www.01informatique.fr/carriere-emploi-119/filieres-universitaires-informatique-44514/

    depuis le LMD, les MIAGE proposent un master (bac+5) et donc rivalisent avec les écoles d’ingénieur !

  1. 25/02/2009

    […] Mulhouse pour leur 38ème édition. Et oui! Les JNM c’est une institution presque depuis la création de MIAGE (la formation a 39 […]