Pauca Multis > L’indicateur C8H10N4O2

Par Moriarti le 20/07/2006 @ 14:08:01– initialement publié sur Pauca Multis.

Toute personne ayant déjà mis un pied en entreprise, ou même, ne soyons pas sectaires, dans les coulisses d’une administration, le savent. Et même les autres s’en doutent également, même s’ils n’ont pas vécu l’expérience eux-même: le café est le point de convergence du personnel d’une organisation.

Parti au Canada, j’avais coutume d’avoir un prof qui s’intéressait aux diverses dimensions de l’entreprise: l’entreprise comme lieu de jeux politiques, l’entreprise – métaphore mécaniste, l’entreprise – accomplissement social, etc. …
Je ne vous fais pas la liste complète, parce que j’en serais bien incapable de tête, mais je peux vous renvoyer à la lecture du bouquin dont ces images sont tirées (« Images of Organization », G.Morgan… Avis aux managers, ca vaut le coup!).

Il est intéressant de constater que, ainsi donc que le veut la sagesse populaire, c’est bien autour de la machine à café (ou de la salle de repos dans laquelle se trouve cette dernière) que se noue le « lien social » d’une entreprise… Echanges de ragots, plaintes sur le management, discussion sur la petite dernière qui fait les oreillons, sur le match de l’Equipe de France ou, pour les plus geeks, sur les avantages relatifs de deux frameworks, tout se passe là: le reste du temps, on est seul, face à son PC.

Ce fait unanimement admis, j’en viens à deux approfondissements qui sont la raison d’être de ce billet.

Tout d’abord, si le café crée le lien social, avoir un comportement anti-social passe logiquement beaucoup plus facilement par ce dernier.

Un exemple?

Soit. Finissez le pot de café sans penser à refaire tourner la cafetière, et vous créerez non seulement un mouvement de panique digne des meilleures scènes de Godzilla chez tous les caféinomanes de l’étage, mais aussi une grogne populaire qui, si l’on était au Moyen Age, vaudrait au responsable de cette vindicte un aller simple pour le bûcher.

Etant moi même devenu caféinomane, je ne tente pas l’expérience, mais j’ai pu observer les effets de cette dernière sur des non-initiés: désastreux. A la fois en termes d’image vis à vis du reste de l’équipe (l’équivalent d’un débranchage sauvage de prise électrique sur le PC d’un autre, pour situer le niveau de tension que cela peut créer), mais aussi par ricochet vis à vis des managers.

Ma conclusion: le comportement du dernier à utiliser la cafetière est un indicateur pour les autres de sa volonté de s’intégrer à une équipe et de travailler en bonne intelligence.

Deuxième point, concernant un plan plus personnel… Excitant bien connu, le café rend également accro: sa consommation entraine une certaine addiction, et si cette dernière n’est pas toujours physique, elle peut être psychologique.

En effet, à mon sens, tenir des journées de dix heures se fait d’autant plus facilement que l’on aura ingurgité quelques litres du précieux breuvage. Pas forcément parce que la molécule C8H10N4O2 fait effet (et je pense même, bien que cela reste à confirmer par des preuves scientifiques dont je ne dispose pas, que plus on en consomme, plus son utilité marginale décroit), mais juste parce que le fait de savoir qu’on en a consommé nous fait croire qu’il est moins difficile de faire des journées de dix heures.

Aussi, le café peut-il agir comme un précieux indicateur:

• plus on boit de café, plus les gens se disent qu’on est susceptible, même si l’on part à 19.00 comme le reste de l’équipe, de tenir encore plus longtemps (à vous de voir si vous souhaitez que les managers vérifient cela!)
• plus vous buvez de café, plus les journées et les tâches associées sont nécessairement harassantes !!!
• plus vous aurez de tasses de café vides sur votre bureau, plus vous aurez abattu de travail dans la journée (penser à ramener les tasses sur votre bureau montrera que les pauses cafés ne sont pas, pour vous, oisives) (attention toutefois, pensez à les empiler, car un bureau bien rangé est important! ^^)

Disgressions, disgressions. Et sur le temps de travail, en plus! Bon, je vous laisse, mon café allongé est en pleine conversation avec mon gobelet de cappucino sur la pertinence de boire une boisson chaude, froide.

Billets liés :

Pauca Multis > bande de potes Avant iLoveMiage il y’avait Pauca Multis … Pauca Multis > Communion digitale Pauca Multis > Atmosphère, atmosphère quand tu nous tiens… "Cultivons les opportunités"